Nous trouvons dans le Coran, Sourate 28 L’Histoire, au verset
37:
"Mon Dieu connaît ceux que la foi éclaire et qui auront le paradis
pour récompense. Certainement la félicité ne sera point le
partage des méchants."
Je ne sais pas si vous vous rendez suffisamment compte de la
nécessité de la foi dans la voie où nous sommes engagés. Tous les
dons parfaits viennent de Dieu seul, et on dirait que cela gêne
terriblement beaucoup de gens tant on les voit s’agiter pour essayer
d’obtenir par eux-mêmes ce qu’ils refusent de demander à Dieu. Il
est fort difficile au début de comprendre la nécessité et la valeur de
la foi en Dieu. Je le sais par expérience personnelle et c’est pour cela
que j’attire votre attention sur cette nécessité. Et je voudrais préciser
ma pensée. Pour employer le langage de la théologie catholique, la
foi est une vertu que nous pouvons envisager sous deux aspects
différents, un aspect théologique et un aspect théologal.
Le nombre des croyants qui possèdent la vertu théologique de
la foi est très nombreux. Nous côtoyons tous les jours des gens,
qu’ils appartiennent ou non à une religion, qui nous disent qu’ils
croient en Dieu. Ils croient en Dieu théologiquement, ils croient par
exemple au Dieu de Voltaire, l’horloger qui a fabriqué et remonté la
pendule du monde. C’est une foi peut-être un peu sentimentale, mais surtout intellectuelle ; c’est l’esprit qui s’incline devant
l’évidence de l’existence de Dieu.
Mais cette foi n’entre pas dans leur vie. Toute autre est la foi
théologale, et, celle-là beaucoup plus rare. C’est la foi qui pénètre
toute notre vie, et qui règle notre comportement dans ce monde et
celle-là seule a quelque valeur aux yeux de Dieu parce qu’elle établit
en quelque sorte avec lui un lien de familiarité, un lien de famille,
un lien qui fait que nous nous faisons connaître à Dieu. C’est pour
cela que le prophète dit :
Mon Dieu connaît ceux que la foi éclaire.
C’est ainsi que la vie du croyant doit être absolument différente
de celle du profane qui est obligé de travailler sans cesse et de
s’agiter pour vivre, parce qu’il est seul au monde et qu’on peut dire
d’une certaine façon que là, Dieu ne le connaît pas, même s’il
participe tous les dimanches à l’office divin, même s’il récite
mécaniquement tous les jours des prières apprises par cœur. Le
véritable croyant est calme, serein, toujours joyeux et quand il désire
quelque chose, il le demande à Dieu, sans rien attendre du monde,
ni de lui-même. C’est un grand bienfait de Dieu, d’avoir cette foi, et
peut-être ne la possédons-nous pas. Dans ce cas commençons par
le demander à Dieu, par lui demander de nous l’accorder, non par
l’effet de nos mérites personnels mais en vertu de sa miséricorde.
Sachez que si vous avez la foi, tout ce que vous demanderez à Dieu,
Il vous l’accordera : vous m’entendez bien ! Tout ce que vous
demanderez avec foi, vous le verrez se réaliser. C’est un secret
dangereux et terrible que je vous donne là. Prenez donc bien garde
à ce que vous demanderez, pour ne pas demeurer ridiculement au dessous du don de Dieu.
Peut-être avez-vous déjà lu dans ce livre admirable qu’est
l’histoire des chevaliers de la Table Ronde, l’histoire de la quête du
Saint Graal par Lancelot du Lac. Ce chevalier, parti comme tant
d’autres à la recherche du Graal, apporté autrefois par Joseph
d’Arimathie dans la Bretagne Bleue, parvint un jour comme Hercule
à l’embranchement de deux voies qui se séparaient en forme de Y.
Et il entendit une voix qui l’avertissait que ces deux voies menaient
à un but bien différent. L’une était celle de la chevalerie terrestre,
l’autre bien plus difficile, de la chevalerie célestielle ; et la voix
l’avertissait que s’il choisissait cette dernière, il lui faudrait d’autres
armes que celles qu’il avait employées jusque-là. Lancelot s’y
engagea. Je passe sur les longs détails des événements qui lui
advinrent par la suite. Mais un jour, après avoir longtemps erré dans
la forêt solitaire, après avoir durement combattu, après avoir
beaucoup prié, il vit soudain se dresser devant lui, comme par magie, le château enchanté, le Castel du Graal en lequel se trouve
le parfait contentement.
Il traversa le pont levis et pénétra tout armé
dans la cour du château où il vit quatre lions rugissants prêts à lui
barrer la route. Lancelot qui avait le cœur brave, en avait vu
d’autres. Il baissa sa lance, se mit en garde et mit son cheval au
galop pour foncer sur les lions. Mais à ce moment, une main
invisible lui asséna une gifle avec une telle force qu’il roula à terre,
désarçonné. Tandis qu’il se relevait tout piteusement, considérant
son casque bosselé, étirant ses membres endoloris, il entendit une
voix céleste qui lui disait :
« O Lancelot, tu as trop préjugé de tes
forces, ici tes armes ne valent rien, tu as choisi une voie qui n’était
pas pour les orgueilleux comme toi. Si seulement, tu avais eu la foi
en l’amour de ton Seigneur, tu serais passé tranquillement devant
ces lions qui se seraient écartés devant toi, car ils eussent reconnu
en toi un familier de la maison ».
Car ici, je dois ajouter quelque chose à ma définition de la vertu
théologale de la foi : ce n’est pas la foi en Dieu que nous devons avoir
seulement, mais la foi en l’Amour de Dieu, car c’est à cela que le Père
reconnaît ses enfants. Mon Dieu connaît ceux que la foi éclaire… Il
les reconnaît au fait qu’ils croient en son amour. C’est le même
prophète Mahomet qui dit quelque part que Dieu ne donne sa
sagesse qu’à ceux qui ont un cœur.
SOURCE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire