Depuis l’avènement massif des media, depuis les almanachs de la Renaissance, les gazettes de la Révolution capitaliste, jusqu’aux niouz, l’humanité vit au rythme des actualités.
C’est quoi ?
Actualité, actualités, est-ce la même chose ?
C’est quoi pour vous, l’actualité, quand vous ouvrez l’œil, le matin ? C’est l’interaction entre vous, ce mainstream plus ou moins permanent et le monde soudain ressurgi. Entre un monde intérieur et personnel qui se referme provisoirement et un autre qui vous attend de pied ferme.
L’actualité, c’est ouille j’ai bobo là, un éclair de joie qui rebondit sur le soleil du matin, le café qui passe et glougloute, les nuages noirs, la pluie sans fin, la vie sans faim, les oiseaux qui ne cachent rien, dans un langage fermé aux hommes.
Plus tard, c’est la circulation, les événements qui happent, les gens qui gueulent, la course incessante jusqu’au poteau FIN, retour à la couveuse de la nuit.
C’est actuel, c’est ici, c’est présent, ça vous touche de près. Aux questions posées, vous pouvez apporter des réponses variées, plus ou moins satisfaisantes, plus ou moins opportunes, plus ou moins adaptées, mais qui sont vos réponses propres.
Un modelage, une lutte, une danse, amour et sueur.
Lorsque vous êtes plus ou moins sorti des réactions purement mécaniques qui vous agitaient en tous sens, vraie girouette, vous pouvez, en vous changeant, en huilant les axes, améliorer, perfectionner le mouvement, le fluidifier, lui donner plus de grâce et de légèreté, selon que vous-même vous serez philosophalement transmuté.
En dernier ressort, l’actualité, c’est la présence au monde, l’interaction entre le Vertical, l’Intime, et l’Horizontal, autre.
Les actualités, c’est l’inverse.
Allumez la radio : une tornade venue des régions de l'enfer balaie vos sens, réclame toute votre attention à propos d’événements réels dont aucun n’a lieu dans votre proximité, exige votre implication immédiate et constante dans des sujets dont rien ne vous concerne, votre reddition immédiate et sans conditions.
C’est un filet qu’un pouvoir extérieur et lointain jette continuellement sur vos sens captifs, et dont le vecteur principal était il y a encore peu la télévision, mot composé qui exprime la capacité de voir ce qui se passe au loin.
Qui trop embrasse mal étreint, dit cependant l’antique sagesse. Qui voit loin ne voit souvent rien de ce qui lui est actuel en propre.
Si j’ai le pouvoir d’agir sur ce qui m’est proche, comment changer les guerres, les viols, les massacres, l’esclavage, le trafic international de chair humaine, panser toutes les plaies ?
On nous fait croire qu’en donnant de l’argent à des ONG nous agissons contre l’injustice. Mensonge, extorsion de fonds. L’argent ne sert qu'à ceux qui le dépensent à votre place, souvent dans des palaces, comme l'avait déjà dénoncé Haroun Tazieff dans les années 1970.
Rien ne change. Partout le mal empire. Peu à peu, on renonce. On s'en veut. On se mine. Au sens propre. Notre enthousiasme initial s'est minéralisé en charbon noir, en regrets amers qui sortent de nous en flots gris. On ressasse l'échec. Le monde est empli de gens aigris. Et gris. Cela maintient la grisaille sur Terre, un brouillard propice aux choses qui rampent et à ceux qui recherchent le pouvoir.
Notre indignation impuissante et frustrée est une énergie inépuisable, le carburant qui permet aux injustes de se maintenir.
Voir loin, tout savoir, s’indigner, c'est du du vent. Nada.
Reviens à toi. Entre chez toi, fais du ménage dans ta maison.
Ferme les robinets d’eau sale qui dégueulent partout, les radios, les télés, les journaux, le net.
Ferme tout. Reviens à l’actualité.
Elle est là, au bout de ton nez, quand tu inspires doucement, dans ton Centre.
Seule la paix née du contact parfait entre toi et Toi, ou Lui, qu'importe, amènera la paix en cette sphère. Toi, moi, elle, reprenons le contrôle de notre actualité. C'est ainsi seulement que le monde changera, loin.
Le Grand Oeuvre (grande ouverture) commence par la fermeture à la pourriture et aux séductions du dehors.
Vieux Jade
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