mardi 5 janvier 2021

LA FOI - Emmanuel d’Hooghvorst



Nous trouvons dans le Coran, Sourate 28 L’Histoire, au verset 37:

"Mon Dieu connaît ceux que la foi éclaire et qui auront le paradis pour récompense. Certainement la félicité ne sera point le partage des méchants."

Je ne sais pas si vous vous rendez suffisamment compte de la nécessité de la foi dans la voie où nous sommes engagés. Tous les dons parfaits viennent de Dieu seul, et on dirait que cela gêne terriblement beaucoup de gens tant on les voit s’agiter pour essayer d’obtenir par eux-mêmes ce qu’ils refusent de demander à Dieu. Il est fort difficile au début de comprendre la nécessité et la valeur de la foi en Dieu. Je le sais par expérience personnelle et c’est pour cela que j’attire votre attention sur cette nécessité. Et je voudrais préciser ma pensée. Pour employer le langage de la théologie catholique, la foi est une vertu que nous pouvons envisager sous deux aspects différents, un aspect théologique et un aspect théologal.

Le nombre des croyants qui possèdent la vertu théologique de la foi est très nombreux. Nous côtoyons tous les jours des gens, qu’ils appartiennent ou non à une religion, qui nous disent qu’ils croient en Dieu. Ils croient en Dieu théologiquement, ils croient par exemple au Dieu de Voltaire, l’horloger qui a fabriqué et remonté la pendule du monde. C’est une foi peut-être un peu sentimentale, mais surtout intellectuelle ; c’est l’esprit qui s’incline devant l’évidence de l’existence de Dieu.

Mais cette foi n’entre pas dans leur vie. Toute autre est la foi théologale, et, celle-là beaucoup plus rare. C’est la foi qui pénètre toute notre vie, et qui règle notre comportement dans ce monde et celle-là seule a quelque valeur aux yeux de Dieu parce qu’elle établit en quelque sorte avec lui un lien de familiarité, un lien de famille, un lien qui fait que nous nous faisons connaître à Dieu. C’est pour cela que le prophète dit :

 Mon Dieu connaît ceux que la foi éclaire.

C’est ainsi que la vie du croyant doit être absolument différente de celle du profane qui est obligé de travailler sans cesse et de s’agiter pour vivre, parce qu’il est seul au monde et qu’on peut dire d’une certaine façon que là, Dieu ne le connaît pas, même s’il participe tous les dimanches à l’office divin, même s’il récite mécaniquement tous les jours des prières apprises par cœur. Le véritable croyant est calme, serein, toujours joyeux et quand il désire quelque chose, il le demande à Dieu, sans rien attendre du monde, ni de lui-même. C’est un grand bienfait de Dieu, d’avoir cette foi, et peut-être ne la possédons-nous pas. Dans ce cas commençons par le demander à Dieu, par lui demander de nous l’accorder, non par l’effet de nos mérites personnels mais en vertu de sa miséricorde. Sachez que si vous avez la foi, tout ce que vous demanderez à Dieu, Il vous l’accordera : vous m’entendez bien ! Tout ce que vous demanderez avec foi, vous le verrez se réaliser. C’est un secret dangereux et terrible que je vous donne là. Prenez donc bien garde à ce que vous demanderez, pour ne pas demeurer ridiculement au dessous du don de Dieu.


Peut-être avez-vous déjà lu dans ce livre admirable qu’est l’histoire des chevaliers de la Table Ronde, l’histoire de la quête du Saint Graal par Lancelot du Lac. Ce chevalier, parti comme tant d’autres à la recherche du Graal, apporté autrefois par Joseph d’Arimathie dans la Bretagne Bleue, parvint un jour comme Hercule à l’embranchement de deux voies qui se séparaient en forme de Y.
Et il entendit une voix qui l’avertissait que ces deux voies menaient à un but bien différent. L’une était celle de la chevalerie terrestre, l’autre bien plus difficile, de la chevalerie célestielle ; et la voix l’avertissait que s’il choisissait cette dernière, il lui faudrait d’autres armes que celles qu’il avait employées jusque-là. Lancelot s’y engagea. Je passe sur les longs détails des événements qui lui advinrent par la suite. Mais un jour, après avoir longtemps erré dans la forêt solitaire, après avoir durement combattu, après avoir beaucoup prié, il vit soudain se dresser devant lui, comme par magie, le château enchanté, le Castel du Graal en lequel se trouve le parfait contentement.

Il traversa le pont levis et pénétra tout armé dans la cour du château où il vit quatre lions rugissants prêts à lui barrer la route. Lancelot qui avait le cœur brave, en avait vu d’autres. Il baissa sa lance, se mit en garde et mit son cheval au galop pour foncer sur les lions. Mais à ce moment, une main invisible lui asséna une gifle avec une telle force qu’il roula à terre, désarçonné. Tandis qu’il se relevait tout piteusement, considérant son casque bosselé, étirant ses membres endoloris, il entendit une voix céleste qui lui disait : 

« O Lancelot, tu as trop préjugé de tes forces, ici tes armes ne valent rien, tu as choisi une voie qui n’était pas pour les orgueilleux comme toi. Si seulement, tu avais eu la foi en l’amour de ton Seigneur, tu serais passé tranquillement devant ces lions qui se seraient écartés devant toi, car ils eussent reconnu en toi un familier de la maison ». 

Car ici, je dois ajouter quelque chose à ma définition de la vertu théologale de la foi : ce n’est pas la foi en Dieu que nous devons avoir seulement, mais la foi en l’Amour de Dieu, car c’est à cela que le Père reconnaît ses enfants. Mon Dieu connaît ceux que la foi éclaire… Il les reconnaît au fait qu’ils croient en son amour. C’est le même prophète Mahomet qui dit quelque part que Dieu ne donne sa sagesse qu’à ceux qui ont un cœur.

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